[Test] Oddworld Soulstorm Enhanced Edition : viva la revolución
Après plus de 15 ans d’attente et 6 ans de développement, le nouveau bébé d’Oddworld Inhabitants, le très attendu Oddworld Soulstorm, est enfin sorti ! Après une sortie très critiquée en avril 2021 sur PlayStation 4 & 5 et sur PC, les équipes ont décidé de prendre six mois de développement supplémentaires pour corriger le tir et améliorer le jeu avec une nouvelle édition, estampillée « Enhanced Edition« . Celle-ci est d’ailleurs également disponible sur Xbox One & Series. Mais cette version revue et corrigée est-elle suffisante pour rendre son succès aux aventures d’Abe ?
Petite précision avant ce test : cette version « Enhanced » est sortie en fin d’année 2021 et le jeu de base a été mis à jour automatiquement et gratuitement vers celle-ci, c’est pourquoi je teste la nouvelle version et non le jeu de base.
Quelle place pour Soulstorm dans la chronologie Oddworld ?
Ahh, Oddworld ! Si vous avez possédé une PlayStation dans les années 90, vous avez très certainement découvert sur le fameux disque Demo1 une démo jouable d’un certain Oddworld : L’Odyssée d’Abe. Le jeu fût un véritable succès, presque inattendu. Oddworld Inhabitants (que l’on va simplifier en OWI pour la suite de ce test) décide de réaliser un jeu de plateforme en 2D inspiré par le jeu Prince of Persia. Un pari risqué au moment où les développeurs sortaient majoritairement des jeux en 3D. Mais grâce à des graphismes réalisés par des artistes du cinéma et un gameplay permettant de communiquer avec la faune et de prendre le contrôle de nos adversaires, le titre d’OWI est parvenu à se démarquer de la concurrence.
Bien entendu, après une telle réussite, une suite fut très rapidement mise en chantier : Oddworld : L’Exode d’Abe qui devient également un franc succès. Mais cette suite, qui n’était pas prévue, n’a pas été réalisée sans mal par les développeurs d’OWI. Vingt ans plus tard, Oddworld Soulstorm est à la fois un remake et une réinterprétation de L’Exode d’Abe qui n’a, cette fois-ci, pas subi les limitations techniques de la première PlayStation.
Au début, il n’y avait qu’Abe
En tant que suite de L’Odyssée d’Abe, et de son remake New ‘n’ Tasty, l’aventure de ce Soulstorm commence directement après la fin de ce dernier. Abe et les employés de Rupture Farms ont réussi à s’échapper des griffes de Moluck le Glukkon et se sont repliés dans les crêtes de Monsaïc. Malheureusement, la tranquillité est de courte durée puisque Moluck est bien décidé à pourchasser les fuyards et à réduire une bonne fois pour toutes notre protagoniste Abe au silence…
Comme expliqué précédemment, Soulstorm est une réinterprétation de L’Exode d’Abe. Cependant, et ce fût ma plus grosse surprise, l’histoire du jeu ne ressemble en rien à son homologue : alors que L’Exode était un jeu bourré d’humour noir et de critiques de notre société moderne, Soulstorm propose ici une épopée révolutionnaire sur fond de violence et de lutte des classes.
Moi qui suis un grand habitué de la saga, j’ai été particulièrement surpris par ce changement de ton et les différentes situations proposées par le jeu. La série des Oddworld n’a pourtant jamais caché ses thématiques, elle avait simplement tendance à les aborder avec un certain cynisme et un humour noir bien présent. J’ai été choqué à plusieurs reprises par ce que j’ai pu vivre dans le jeu et j’ai également ressenti de l’empathie envers les différents personnages car je me suis senti particulièrement impliqué par le sort des Mudokons. Ce changement de ton m’a donc beaucoup plu et soulignons-le : la partie visuelle aide beaucoup à s’immerger dans ce monde.
Digne des plus grands films d’animation
Si vous êtes un habitué du travail d’OWI, vous n’êtes pas sans savoir que les équipes artistiques viennent du monde du cinéma et cela se ressent, tout particulièrement dans les différentes cinématiques qui ponctuent l’aventure. Elles sont longues et très bien animées. Et l’aspect visuel du jeu n’est pas en reste : la modélisation des personnages est plus que correcte et les environnements du jeu sont immersifs. On ressent sans difficulté la claustrophobie lors des passages dans les cavernes, mais également la chaleur aride des lieux désertiques et l’écrasement du personnage dans l’immensité des structures Glukkon.
Malgré certaines textures plus faibles, Oddworld: Soulstom est plaisant pour la rétine. En plus, le jeu se permet de proposer des séquences de types « tower defense » dans lesquelles Abe devra défendre les Mudokons qui s’échappent. Attention, on ne parle pas ici de 10 Mudokons en simultané… Non non, le jeu affiche parfois jusqu’à plus de 300 Mudokons en temps réel ! Vous l’aurez compris, visuellement, Soulstorm est une expérience remarquable. Malheureusement, le visuel ne suffit pas à rendre un jeu culte et il nous le prouve à plusieurs reprises.
Les patchs étaient nécessaires…
Au début de ce test, je vous avais expliqué que le lancement du jeu, en avril 2021 avait été marqué par de grosses lacunes technique Entre des sauts qui ne fonctionnent pas, notre héros qui n’arrive pas à s’accrocher au rebord, les intelligences artificielles qui ne savent pas comment réagir et les scripts qui ne démarrent pas, nous étions servis ! J’étais véritablement déçu par la partie technique.
C’est pour cela qu’à la base, et comme beaucoup de joueurs, j’ai eu du mal à apprécier Soulstorm à sa sortie, surtout lorsqu’on sait que le titre utilise la même base technique que New ‘n’ Tasty et qu’il a tout de même fallu plus de 6 ans pour en voir le bout. J’ai ressenti une forme de trahison de la part d’OWI lorsque j’ai vu l’état du jeu à sa sortie. Pour moi, il était sorti beaucoup trop tôt et il manquait de développement. Heureusement, et après plus de 6 mois de suivi, Soulstorm est désormais dans un état pratiquement exemplaire. Adieu donc les blocages dans les murs, l’impossibilité de se suspendre aux barres transversales et j’en passe !
Enfin, avant de parler du contenu, évoquons très rapidement l’aspect sonore. Celui-ci est très bon avec un doublage en V.O de qualité et des effets sonores toujours très convaincants. Il est juste regrettable que les thèmes musicaux soient si discrets et en retrait par rapport aux précédents opus.
Le chemin sera long et truffé d’embûches
Soulstorm propose 13 niveaux, dont deux sont accessibles uniquement si vous avez un bon quarma durant l’ensemble du jeu et chaque niveau demande en moyenne une heure pour être complété. Il faudra donc compter une bonne quinzaine d’heures pour terminer l’histoire et une vingtaine d’heures pour atteindre le 100% et récupérer l’ensemble des succès. Ce nouveau volet est donc, avec La Fureur de L’étranger, l’un des plus longs qu’OWI a pu proposer.
Oddworld Soulstorm est un jeu visuellement impressionnant, porté par une histoire mémorable qui ne laissera aucun joueur indemne. À sa sortie, le titre d’OWI présentait des problèmes techniques et des errances de gameplay que cette « Enhanced Edition » vient corriger en améliorant sensiblement l’expérience, à tel point qu’on a l’impression d’avoir un nouveau jeu face à nous. Il est toutefois regrettable d’avoir attendu six mois pour arriver à ce qu’aurait dû ressembler le jeu à sa sortie, surtout après six ans de développement… En résumé, si vous n’aviez pas osé tenter l’aventure Soulstorm à cause de ces défauts, vous pouvez désormais y jouer sans problème !
Test réalisé sur PlayStation 5