[Review] Là où chantent les écrevisses : un voyage profond au cœur des marais américains
Abandonnée lorsqu’elle était petite fille, Kya a grandi dans les dangereux marais de Caroline du Nord. Pendant des années, les rumeurs concernant la fille des marais ont hanté Barkley Cove, isolant Kya de sa communauté, une femme vive et résistante. Attirée par deux jeunes hommes de la ville, elle s’ouvre à un monde nouveau et surprenant. Cependant, lorsque l’un d’eux est retrouvé mort, Kya devient immédiatement le principal suspect. Le verdict menace de révéler de nombreux secrets.
Publié en 2018, Là où chantent les écrevisses (Where the Crawdads Sing) de Delia Owens a connu un franc succès dans les librairies, figurant même en tête du classement des meilleures ventes du New York Times pendant de nombreuses semaines. Le second long métrage de la réalisatrice Olivia Newman était donc particulièrement attendu, et encore plus par les fans de l’œuvre littéraire.
« La fille des marais »
Transposant près de 500 pages en deux heures, le film relate l’histoire d’un meurtre potentiel survenu en 1969. Un jeune homme du nom de Chase est tombé du haut d’une tour dans les marais côtiers près du village de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Considérée comme la principale suspecte, Kya Clark est une jeune fille isolée du monde avec qui le jeune homme a eu une relation. Pour pouvoir la défendre au mieux, son avocat cherche à la comprendre et la « fille des marais » nous relate ainsi sa vie solitaire par des retours en arrière captivants dans son enfance solitaire.
Moqueries et abandons multiples – de sa famille mais pas que – l’ont façonnée et poussée à garder ses distances avec le monde extérieur. Interprétée par Daisy Edgar-Jones, découverte dans la série Normal People et qui s’offre son premier rôle sur grand écran, Kya a très vite appris à se débrouiller par ses propres moyens. Avec l’aide d’un couple d’épiciers à qui elle rend régulièrement visite, la jeune fille gagne sa vie tout en échappant aux services sociaux et en collectionnant les offrandes des marais (plumes, coquillages…). Sa rencontre avec deux garçons bouleverse son quotidien d’enfant sauvage dont « le marais est la seule famille ».
Un rythme lent mais maîtrisé
Construit en de multiples allers retours entre l’enfance de Kya et la fin des années 60, le récit comporte juste assez de péripéties pour nous donner envie de progresser dans l’histoire. C’est sans nul doute un film qui peut plaire au plus grand nombre et il faut avouer que c’est de plus en plus rare. Les cinéphiles les plus pointus tout comme les néophytes seront conquis par son esthétisme magnifique, sa facilité de compréhension et les thématiques qu’il aborde.
Exclusion d’une communauté, violences faites aux femmes, abandons… Tant de sujets qui trouvent leur écho dans la société d’aujourd’hui. Ils auraient certes mérité davantage d’approfondissement, mais le scénario reste maîtrisé de bout en bout et même si le rythme de l’histoire est plutôt lent, on ne s’ennuie pas une seule seconde et on prend beaucoup de plaisir à découvrir les tranches de vie de Kya.
Réalisation sur fond de marécages
Pour son deuxième long-métrage, on peut dire que Olivia Newman s’en sort vraiment bien, d’autant plus que la majorité de l’intrigue se déroule dans un marécage. Elle parvient tout de même à proposer différents lieux d’action (le village, la plage, l’épicerie, la prison, le tribunal…) qui sont tous plus beaux et caractéristiques les uns que les autres. La réalisatrice laisse les acteurs s’exprimer tout en faisant de longues pauses dans des décors naturels splendides, créant ainsi de véritables moments de tension scénaristique.
La musique de Mychael Danna y est aussi pour beaucoup puisqu’elle réussit à nous transporter tout en accentuant les moments clés de l’histoire, qu’ils soient dramatiques ou romantiques, au même titre que les acteurs qui rendent leurs personnages réalistes et profonds. Si Daisy Edgar-Jones est excellente et rend Kya véritablement unique et attachante, les autres ne sont pas en reste. Harris Dickinson (The King’s Man) interprète parfaitement bien les deux facettes de Chase, Michael Hytt et Sterling Macer, Jr parviennent à nous toucher à travers Mabel et Jumpin et Taylor John Smith est très émouvant dans le rôle de Tate. N’oublions pas David Strathairn (Nightmare Alley) qui nous montre ici encore son talent et son savoir-faire dans le rôle de l’avocat Tom Milton.
En définitive, Là où chantent les écrevisses (Where the Crawdads Sing) est un excellent film naviguant entre romance, drame, récit initiatique et thriller. Les acteurs sont convaincants et les sublimes images illustrent parfaitement les descriptions de Delia Owens. Cette adaptation est d’une qualité rare et mérite de rencontrer un vaste public !
Coup de cœur !